Dicton du mois : «J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre.»
21 01 : Je suis toujours au près et c’est franchement pas très
confortable avec la houle et les vagues presque de face. Mais je dois
rester zen, car j’en ai encore pour 3 / 4 jours !
Le 23 01 à 09h30, alors que je faisais une petite sieste, j’entends un
bruit inhabituel. Le vent est monté légèrement, sauf que j’avais le
reacher en mode génois léger et il s’est déchiré sur 1,50m !!! Je suis
en colère, tout ça pour gagner quelques milles !
« Et oui mon garçon, t’as joué, t’as perdu mais c’est aussi le jeu. »
Le lendemain, le vent est monté et la mer avec, c’est sport et pas
facile de se déplacer dans le bateau. Il aura fallu que je glisse à
l’intérieur du bateau complètement mouillé. Bien sûr quelques
contusions et malheureusement aussi à l’avant bras gauche qui était
revenu quasi à la normale. A 11h j’ai pris le 4ème ris et enroulé un
bout de la trinquette ! Une vague, probablement un peu plus grosse que
les autres, passe par dessus la capote en dur ! Toute la journée aura
été pénible.
Seul plaisir du jour, la lecture de Joshua SLOCUM « Seul autour du
monde à la voile », livre que Daniel m’avait offert, que je relis.
Bilan de la période de mauvais temps, qqes réparations à réaliser mais
rien de trop important. C’est les joies du mauvais temps.
Puis arrive, le passage du Cap Leeuwin le 25 janvier 2025 à 23h08
UTC par la latitude 38° 36’ Sud et sa longitude 115°08’ Est.
Cap de Bonne espérance / Cap Leeuwin en 39 jours.
A midi ce sera apéro avec du ratafia, en souvenir à celles et ceux que
je regarde à travers les étoiles. Et ce soir un bon rhum pour fêter
cette belle étape. Venir chercher le cap Leeuwin est pour l'instant,
la plus belle étape.
Maintenant l’objectif, le sud de la Nouvelle Zélande.
Le 26 01 : 17h je dors depuis seulement une heure, le vent monte mais
bien au-delà des prévisions et Aqui Lou lâche prise. J’ai droit à deux
empannages incontrôlés. Je crois avoir mis moins de 3’’pour comprendre
la situation et moins de 30’’ pour être dans mes bottes. Dehors la
situation est critique, une retenue de bôme HS, j’ai perdue la
balancine (bout qui retient la bôme à la hauteur voulue) l’extrémité
de la bôme, une pièce en aluminium, où était attaché la balancine et
le ris N°1 de la GV a cédé, elle s’est arrachée.
Voyant les dégâts, j’ai immédiatement sécurisé notre allure, car la
bôme était si basse qu’un nouvel empannage incontrôlé et je pouvais
dire adieu à l’antenne pour internet ainsi qu'au panneau solaire sur
la capote en dur et peut-être plus suivant la violence. Bref voilà les
déboires de cette nuit.
En fait tous les 3/ 4 jours au rythme des dépressions je me prends un
petit coup de vent et certains plus difficiles que d'autres.
Aujourd’hui, j’ai un autre chantier en cours, durant toute la matinée
et 1 heure l’après-midi c’est couture du reacher. (voile d’avant
déchirée) j’ai enfin terminé et j’y ai mis des renforts avec du tissus
adhésif spécial pour réparer les voiles. Pas toujours facile de coudre
avec parfois plus de 3m de creux et je me suis piqué un bon nombre de
fois les doigts.
Le 31 01, on se prépare au coup de vent de la nuit prochaine, en plus
il fait beau et je devrais avoir du vent donc j’attaque par la
lessive, puis le pain. Le pain est devenu une routine tous les 2 à 3
jours, je fais mon pain de 500grs avec la farine du moulin de Méjane.
Avant un coup de vent, je prépare à manger pour 2 jours et je fais les
vérifications usuelles à l’extérieur du bateau. Au moment voulu, je
réduis la voilure comme il se doit afin de « dormir tranquille ». Je
dors souvent par cycle de 1h30 / 2h pendant les coups de vent la nuit
reste sous haute surveillance. J’écoute, j’observe, je regarde la
navigation et je me recouche.
Le soir, avant d’aller me coucher, je prépare un pense bête avec tout
ce que je dois faire durant la nuit avec les horaires, le cap à avoir,
le vent normalement prévu, le changement des voiles, les manœuvres à
réaliser, etc.
Avec 25/30 nds, des rafales à 35 nds et une mer forte, même à
l’intérieur il s’agit d’être bien calé et attention aux déplacements !
Aujourd’hui, le routage m'a donné la patate, il correspond à ce que
j’attendais, je suis avec GV pleine + génois et on fait quelques surfs
à plus de 10 nds, j'en ai profité pour barrer un peu, c'est vraiment
plaisant avec un grand soleil et une belle houle.
YES, à moi le sud de la Nouvelle-Zélande, ce sera mon petit cap Horn à
moi !.
Le 07 02 Le moral, est à l’image de la haute pression de
l’anticyclone, au beau fixe, alors j’en profite. Ce matin, après le
petit déjeuner, mes exercices et étirements quotidiens puis grand
nettoyage du bateau, mise à jour des tableaux de notes, mon pain et
même exercice de secours en cas d’évacuation du navire (enfiler la
combinaison de survie, mettre le casque, pointer les appareils à
mettre dans le sac à dos étanche et enfiler le sac à dos) je l’ai
réalisé en 4 minutes, c’est correct.
Le passage au sud de la Tasmanie par la longitude 146° 16’’ Est et
par la latitude de 46°19’’ Sud c’est fait ce 07 02 à 06h36
UTC.
Le 09 02, journée paisible mais à la tombée de la nuit le vérin du
pilote électrique me fait des siennes alarmes : « pilote unité
d’entraînement arrêté ! » Je mets le pilote de secours pour la nuit,
mais je suis dépité ! En effet je n’ai plus qu’un seul pilote auto qui
fonctionne, les autres sont tous HS , ce qui veut dire que demain, il
me faut reconditionner un des vieux car si je n’arrive pas à réparer
c’est un arrêt obligatoire en Nouvelle Zélande et ça je n’en ai pas
envie.
Le lendemain, j’y ai passé 5 heures. Malheureusement après 2h de
fonctionnement il se met en défaut avec l’alarme. Le surlendemain on
recommence. Cette fois sera la bonne et il aura été essayé jusqu’au
sud de la Nouvelle Zélande donc éprouvé.
Au fait je suis passé à UTC+11 aujourd'hui, bientôt le + 12😉
Et tout va bien à bord d'Aqui Lou. 😉⛵✊🏻🚩
Je suis également content car il a plu cette nuit et le bateau n'a
plus du tout de sel et les panneaux solaires sont propres. Ça fait
longtemps que je l'attendais cette pluie. En plus ce matin, pour ne
rien gâcher, il fait grand soleil. Bon cela ne va pas durer vue ce que
je vois derrière mais je profite et la température qui est remontée à
15°C dans le bateau. C'est mieux que les 10/11°C que j'ai eu pendant
ces qqes jours.
Ce soir galantine de dinde avec 20 % de foie gras de canard. De Porc
Nord Aveyron à Espalion. Y a pas rien là !
Le 13 02 avec une dépression qui me colle au cul et un vent soutenu
de 20/25 nds, je passe au sud de la Nouvelle-Zélande à 20h
UTC.
Pour fêter ça, ce sera une saucisse sèche de chez Conquet à Laguiole,
mais je n’oublie surtout pas Bax - Gombert et Montarnal d’Entraygues
sur Truyère qui me régalent aussi durant cette circumnavigation. Puis
j’entame un Rodez, le Parmesan de l’Aveyron, fabriqué à Rodez, en
copeaux, c’est une merveille.
Mais pour gâcher la fête, mauvaise nouvelle, la météo n’est pas avec
nous et si la dépression qui me poussait passe, une autre arrive pour
traverser le sud de la NZ le 18. Je dois donc la laisser passer
puisque elle impacte fortement l’Est de la NZ. J’ai donc fait des
ronds dans l’eau au sud de la NZ pendant 3 jours.
3 jours où je n’aurais ni vu terre ni aperçu de bateau sauf à l’AIS
sur l’ordinateur (système d'identification automatique) des navires.
En effet je n’ai eu, sauf en arrivant, que brouillard, brume et même
un peu de pluie pour le charme des lieux.
J’aurais presque pu apercevoir North East Island à 200km au sud sud
ouest de la NZ, j’y suis passé à 10Mn, mais c'était encore nuit et je
dormais. Nuit avec entre les nuages une magnifique pleine lune.
NB : je viens d’apprendre que le service des URGENCES du CHU
LAPEYRONIE est gravement malade. Pour un soutien moral au personnel
qui cri : « Les urgences ne doivent pas être un lieu d’attente, mais
un lieu de soins ! » Pétition :
https://chng.it/Gb7hjQdTvx
Le 15 02 Rien de décidé pour le départ de la Nouvelle Zélande, que des
pistes, donc je con-tinu mes ronds dans l’eau. Aujourd'hui c’est
brouillard et brouillard visibilité parfois à 500m seulement et sinon
toujours inférieure à l’horizon (6Mn). Je progresse lentement vers la
longitude 170°E et entre les latitudes 47°S et 48°S, étant peut-être
la meilleure position pour repartir.
Depuis mon passage au sud de la Nouvelle-Zélande le 13 à 20h, la
navigation se fait sans pilote auto tout à la garcette.
17 02 c’est décidé, même si cela ne semble pas la meilleure option,
car trop tôt, je le tente, départ à 04h UTC ménage du bateau pain
cuisine et organisation du départ pour 24 heures dans des conditions
de non confort, avec 20/30Nds de vent au près et avec 2,20m à 3,40m de
vagues. Il faut donc trouver la voile du temps les bons réglages et la
bonne vitesse pour ne pas faire taper Aqui Lou de façon exagérée.
A 10h UTC, alors que je regardais un film avant d’aller me coucher,
j’ai l’alarme AIS qui sonne avec cible dangereuse ! Je suis devant
l’écran et je ne vois pas l’autre bateau ! En fait il est sur moi, il
a fallu que je zoom à fond pour le voir, il était à moins de 500m de
moi ! Je regarde à l’extérieur vers l’arrière, Il passe par mon
arrière à 200m environ, pour le coup, il a dû lui aussi avoir peur, il
a les phares dirigés vers moi tout allumés. En fait c’était un pêcheur
qui n’avait pas mis sont AIS et qui d’ailleurs, Aqui Lou passé il l’a
re éteint !
ON est passé pas loin de la correctionnelle.
Chose est sûre c’est que moi, je ne risquais pas de le voir.
18 02 02h30 UTC, je suis remonté au point nord du nouveau routage, pas
loin du départ de la veille à 04hUTC. Finalement, le départ anticipé
n'aura servi à rien, à part de me faire chier dans du temps
dégueulasse et risquer une collision !
Cette fois c’est parti pour le Pacifique, environ 7 à 8 semaines pour
aller jusqu'à Panama si tout se passe bien.
La bonne nouvelle ce matin c’est que le soleil revient partiellement
entre qqes nuages. Je vais pouvoir aérer et faire sécher un peu mes
affaires. Car au-delà d’aller dormir tous les soirs dans un duvet
humide par 13°c, ce qui n’est pas des plus plaisant, le pire c’est en
pleine nuit quand y a des manœuvres à faire comme cette nuit à
plusieurs reprises et que tu dois sortir de ton duvet dans lequel
finalement tu n’est pas si mal et enfiler tes affaires mouil-lées!!
j’avoue que cette nuit, la 3ème fois c’était un peu dur.
En fait cela fait 4 jours que je n’avais pas vu le soleil, que du
brouillard, de la brume et de la pluie parfois et donc l’intérieur de
bateau est mouillé au sol c’est complètement trempé. Donc ce soleil
est le bienvenue.
Autre chose de difficile à gérer, c’est le fait d’être en «permanence»
sur le qui vive, être sous tension.
Les conditions idéales pour naviguer sont rares alors quand c’est trop
calme, c’est pas bon car la navigation n’est pas fluide, et la vitesse
est faible donc tu sais que tu perds du temps. Et comme disait mon
camarade Pascal, 1 nœud, c’est rien mais sur 24h c’est 24 Mn! Et 24 Mn
c’est pas rien! (environ 45km)
Bref avant le coup de vent tu te creuses la tête pour savoir quand il
va falloir réduire, en essayant d’anticiper mais pas trop. Pendant le
coup de vent, tu dois être vigilent et tu as tou-jours la crainte que
ça monte plus que prévu et donc d’être sur-toilé. Donc, oui la fatigue
est générée entre autres par cette vigilance «permanente».
Exemple cette nuit, le vent a été plus fort que prévu, jusqu'à 22nds
au lieu de 12, cela m’a obligé à rejoindre le pont à 3 reprises. Une
1ère fois pour enrouler le reacher et laisser la GV seule, une 2ème
pour mettre le génois et une 3ème pour remettre le reacher quand le
vent a rebaissé.
Le 21 02 j’ai franchi à 09h15 UTC, l’antipode de la France , le
méridien 180 ° Est /Ouest
Du coup, je ne change pas d'heure, mais aujourd’hui on est hier !
J’avais 12 heures d’avance et en une fraction de seconde, j’ai 12
heures de retard.
A cinq mois du départ, 153 jours et 128ème jour de navigation me voilà
à l’antipode de la France. J’ai parcouru 16 800 milles nautiques
(quasi 33 000 kms) soit une moyenne de 131Mn /24 heures et une vitesse
moyenne de 5,46 nœuds.
Cela fait aussi 67 jours que je suis en mer sans avoir vue Terre.
Tout va bien à bord d’Aqui Lou et le moral est toujours bon !
😉⛵✊🏻🚩
Fabien le 21/02/2025